oristano sardaigne
Piazza Eleonora Arborea, le centre d'Oristano.
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Dôme d'Oristano

cabras sardaigne
Cabras, oeuvre hommage à la lagune.

Cabras sardaigne

Cabras sardaigne

Cabras sardaigne
Photos ci-dessus la lagune de Cabras.

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Vue du site de Tharros avec la tour espagnole du XVIIe siècle.

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Temple au deux colonnes et, au premier plan, soubassements d'un autre temple.

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Champs de Chrysanthèmes des moissons.

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Thermes de Tharros.

tharros sardaigneCiterne.

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Vestiges : élément d'une ancre de marine, de métier à tisser ?

tharros sardaigneSommet du cardo où se trouvait la cité nuragique
et le tophet.

tharros sardaigneLes thermes avec la végétation qui reprend ses droits.

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Oristano - Cabars - Tharros

Oristano

Oristano est la plus grande ville de l’Ouest de la Sardaigne d’après mon guide ; dans la réalité ce sont les quartiers résidentiels qui augmentent sa superficie car le centre historique est réduit et se parcourt facilement à pied.

Oristano fut fondée en 1070 après l’abandon de Tharros pillée par les pirates. Rapidement Oristano devient capitale de la région d’Arborea (en Sardaigne on utilise le terme de judicat) et s’éleva contre la domination aragonaise sous l’impulsion d’Eleonora Arborea (1340-1404).

De ces luttes et de cette époque, il ne reste que quelques palais et la Torre di San Cristoforo. Elle marquait l’entrée de la cité. Comme la torre del Elefante  à Cagliari sa façade intérieure est ouverte afin de laisser la possibilité aux habitants de la reprendre à l’ennemi.

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Cabras, bord de la lagune et l'église Santa Maria Assunta.

Cabras

Cabras est une petite commune  de 9 000 habitants. D’après l’écrivain Michela Murgia il y avait jadis un château fort. Cabras doit sa renommée à sa lagune qui attire de nombreux oiseaux et surtout ses poissons, rougets  barbets, anguilles et mulets. Au XIXe siècle les pêcheurs utilisaient de longues embarcations très effilées – les is fassonis – proches de celles qu’utilisaient les Phéniciens.  Les œufs de mulets sont l’une des spécialités locales.

J’en ai dégusté au restaurant Il Caminetto. Ce lundi soir d’avril, Cabras semblait avoir été abandonnée, la totalité des restaurants et des boutiques avaient baissé le rideau. Il Caminetto lui aussi était fermé au public, réservé par un petit groupe de notables. Le patron sans doute contrarié d’ouvrir un jour de congés, se fit prier pour m’accorder une table dans un coin de la salle. Il Caminetto me rappelle les restaurants chics de mon enfance. Lustre à pampilles art déco, présentation de table désuette, ambiance bourgeoise de province des années 60. Je m’y suis régalé les deux soirs passés à Cabras : burrida (raie) à la sauce épicée rouge aux câpres, escalopes au Malvasia di Bosa (vin de Bosa), spaghetti aux œufs de mulets (bottarga) leur donnant un léger goût iodé.

J’ai passé deux nuits à Cabras au SA Cotilla, un B&B bien sympathique. Cabras, je me suis bien demandé pourquoi j’avais atteri là, tant j’y essayé de tromper l’ennui en marchant dans les rues bordées de boutiques fermées et de maisons abandonnées. Au centre ville où trois rues se croisent, les anciens passent le temps devant un ballon de rouge, le tabac qui ouvre mais qui laisse les rideaux de métal fermés aux trois-quarts, obligeant les clients à feuilleter les journaux dans la pénombre, les heures passées devant le monument aux morts à regarder les jeunes réviser leurs cours devant une bière. C’est pendant ces moments de désœuvrement que j’ai mesuré le temps sarde, que la Sardaigne a profondément agi sur moi.

J’ai appris que derrière cette banalité, Cabras recelait bien des surprises.

Dans L’Incontro (“La Guerre des saints” en  français – voir la bibliographie), M. Murgia s’inspire d’une histoire vraie digne de  “Clochemerle”  pour décrire la rivalité entre les deux paroisses de Cabras. La première, historique, et la seconde nouvelle, Santa Maria Assunta, bâtie au XVIIe siècle près des quartiers modernes au bord de la lagune.

Se pourrait-il que dans cette bourgade de quelques centaines de mètres de long il existe des frontières tracées au millimètre près à force de processions et d’ablutions d’eau bénite, invisibles à l’étranger mais aussi prégnantes qu’une ligne de barbelés pour les paroissiens. A Pâques, au 15 août, interdiction aux statues de franchir la limite, la place de la mairie étant un territoire neutre, comme la Suisse au milieu de l’Europe.

C’est à Cabras aussi que j’ai appris la présence en Sardaigne de l’Accabadora (voir la bibiliographie). Dans les villages, la nuit venue, une ombre furtive et rapide se faufile dans les ruelles sombres pour s’introduire dans les maisons alors que tout le monde dort. Pas d’effractions, pas de violence. Comme les vampires de nos films d’horreur, l’Accabadora ne peut entrer qu’avec le consentement des occupants ; souvent même ils l’invitent.

Le soir de la Toussaint les habitants des villages laissent leur porte grande ouverte malgré le vent et le froid afin d’inciter les esprits des ancêtres à revenir dans leur maison. On a préparé un repas à leur attention. Ceci fait, ils trouveront le repos éternel.

L’Accabadora les connaît. Sans être une sorcière on la convoque pour déjouer ou conjurer un sort lancé par un voisin jaloux.  Son nom viendrait de l’espagnol qui signifie « finir ». Ainsi si la Allevadora donne la vie en jouant le rôle sage-femme, l’Accabadora aide les malheureux à passer en abrégeant leurs souffrances physiques ou morales lorsqu'il n'y avait plus aucun espoir de guérison. Dans le roman de Michela Murgia, L’Accabadora se sert de fumigations pour euthanasier Nicola, un jeune homme amputé d'une jambe, mais dans la réalité elle frappait la nuque ou la tempe de l'agonisant avec un petit marteau après avoir placé sous son oreiller un joug de boeuf miniature, symbole de renaissance et de fertilité.

cabras sardaigne
La lagune de Cabras sur la route de Tharros.

Tharros
Tharros, c’est d’abord le premier contact avec ces merveilleuses plages sardes, derniers vestiges sinon du paradis original, du moins des plages de mon enfance bretonne. Ecepté le climat et les variétés de plantes, j’ai retrouvé les landes peuplées d’insectes, embaumées de genêts, de fleurs sauvages, plantées de buissons qu’il faut contourner pour arriver à ces grandes étendues de sable désertes où la mer apaisée vient s’échouer.

Sur le sol, entre les rochers couverts de lichen, poussent les casse-pierres ou criste marine (Crithmum maritimum L.) à l’odeur âcre, les mésembryanthèmes (Carpobrotus edulis) aux grandes fleurs pourpres s’étendent jusqu’au rivage.

Je suis resté là de longs moments avant d’entrer dans la cité antique de Tharros, espérant suspendre le temps. La presqu’île de Tharros fut occupée par les Phéniciens à partir du VIIIe siècle avant J.C. et connut un fort développement à partir du Ve siècle, devenant un des plus importants ports de Méditerranée avec Nora.

Les premiers contacts avec les populations nuragiques semblent avoir été pacifiques. Au début le commerce reposant surtout sur le riz, les céréales et l’obsidienne.  Les Phéniciens intensifièrent leur commerce à la recherche de métaux. Tharros devint une escale sur les routes de l’Espagne méridionale, de la Toscane et des Bouches du Rhône actuelles.  La situation se tendit lorsqu’ils voulurent étendre leur influence dans les terres jusqu’à Barumini. En 348 la paix revient après l’accord d’un traité excluant les Romains de Sardaigne.


Après leur victoire sur Hannibal à Canne, les Romains s’installent à Tharros. Les rues sont pavées de basalte, un système d’évacuation des eaux profitant de la déclivité des lieux est mis en place, des thermes sont édifiés. Au Moyen Age Tharros est élevé au rang d’évêché avant d’être abandonné sous la pression des pirates vers l’an mil.

Aujourd’hui sans guide ni repère, il est difficile de se représenter la cité antique. On reconnaît les quartiers résidentiels  à leur tissu resserré, les thermes à leurs voûtes (ou ce qu'il en reste), le collecteur d’eau mais des temples il ne subsiste que deux colonnes et quelques soubassements. Il y a même un tophet (cimetière d'enfants) comme à Sant' Antioco. Sans un entretien régulier la nature reprendrait vite ses droits, les herbes folles s'invitent un peu partout, des parcelles sont couvertes de coquelicots et de chrysanthèmes des moissons d'un jaune éclatant. C'est là, entre ruines et nature, entre passé et présent que réside le charme de Tharros.

Tharros
Champs de chrysanthèmes des moissons avec, au fond, le temple au deux colonnes

Visiter les galeries photos sur la Sardaigne :

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Torre di San Cristofo ouverte sur sa façade intérieure afin d'éviter qu'un ennemi s'y retranche.

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Monuments aux marins de Cabras. Etonnant car ce sont des militaires alors que Cabras est connu pour ses pêcheurs.

tharros sardaigneEntrée du site d Tharros, stèle funèbre.

plage de tharros sardaigne
Tharros la plage.

plage de tharros sardaigne

plage de tharros sardaigneLes mésembryanthèmes descendent jusqu'à la plage.

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Cardo de Tharros recouvert de dalles de basalte. En dessous passe le circuit d'évacuation des eaux usés. Au fond se trouvait le tophet.

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Le château d'eau. C'est ici qu'était stockée l'eau. Un réseau hydraulique l'ammenait ensuite aux diverses fontaines.

tharros sardaigneLe baptistère de Tharros.

Renseignements pratiques

 

Lien utiles :

Retrouver ces chroniques dans mon livre
"Bonjour les Italiens"

 

http://it.wikipedia.org/wiki/Oristano

http://it.wikipedia.org/wiki/Cabras

http://www.sacottilla.it/

http://www.ristorante-ilcaminetto.com/

ttp://souvenirsdelasardaigne.midiblogs.com/


Contact :
italie.chroniques@gmail.com

 

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